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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 10:46

Je ne connais personnellement pas d’auteur qui ait décrit plus magistralement que Karl Kraus le sentiment de résignation et d’impuissance avec lequel la plupart d’entre nous subissent aujourd’hui le pouvoir de la presse et des médias, à peu près comme on supporte une calamité. « C’est le journalisme », a-t-on envie de dire, comme on dit, dans d’autres circonstances : « C’est la guerre ». Pour ne parler que d’un aspect qui n’est probablement ni aussi important, ni aussi secondaire qu’on le croit généralement, mais qui est, en tout cas, très révélateur, je ne rencontre pratiquement pas d’intellectuel digne de ce nom qui attende du journalisme à prétentions intellectuelles autre chose que le pire, c’est-à-dire la superficialité et l’à-peu-près, la simplification grossière, le mensonge par omission et par sélection et la servilité devant les valeurs (momentanément) imposées. Mais c’est le genre de constatation que l’on ne fait généralement qu’en privé. Le phénomène journalistique a fini par acquérir le caractère complètement impersonnel et anonyme d’une puissance naturelle contre laquelle il serait ridicule et absurde de se révolter publiquement. Le fait que la mise en garde et la cri­tique abstraites proviennent parfois des journalistes eux-mêmes signifie simplement que leur invulnérabilité et leur impunité sont réellement devenues totales. La grandeur de Kraus est de n’avoir accepté ni l’impersonnalité ni la norma­lité du phénomène, d’avoir choisi de citer des textes et des noms et de désigner des responsables précis de la médiocrité, de la malhonnêteté et de la bassesse « ordinaires ». Il est vrai qu’il a peut-être fait preuve d’un optimisme exces­sif, lorsqu’il a dit que sa fonction avait été de « mettre l’époque entre guillemets » en sachant que « ce qu’elle a de plus indicible ne pouvait être dit que par elle-même » 1. Kraus ne voulait pas « énoncer [aussprecben], mais répéter [nachspre-chen] ce qui est » 2, laissant à son époque le soin de se désho­norer et de se détruire elle-même à travers ce qu’elle disait et ce qu’elle montrait. « Citer et photographier » simplement, comme il le dit : « Car lorsque la vie touche à sa fin, le sati­riste et le caricaturiste ont déjà pris congé auparavant. Je suis devant le lit de mort de l’époque et à mes côtés il y a le repor­ter et le photographe. Celui-là connaît ses derniers mots et celui-ci connaît son dernier visage. Et sur sa dernière vérité le photographe sait encore mieux ce qu’il en est que le reporter.3 »

D’une certaine façon, Kraus a voulu être le reporter et le photographe des faits de la pratique journalistique elle-même, c’est-à-dire des faits de langage dont l’absurdité et l’atrocité viennent en quelque sorte redoubler celles des faits eux-mêmes. À l’ignominie de l’événement, notre époque ajoute celle de sa mise en phrases : « Un enfant vit dans un journal illustré une image qui s’intitulait "Prière pendant la bataille" et représentait la manière dont les soldats, le visage triste, le regard baissé vers la terre, se tiennent dans les rangs. L’enfant, qui ne savait pas encore lire, mais savait encore voir, ne demanda pas ce que c’était, mais, parce qu’il voyait que c’était quelque chose de triste, il commença à pleurer et pleura et il fut tout à fait impossible de le calmer. On l’exhorta à être un brave garçon et à ne pas pleurer. Pourtant il pleura et, lors­qu’on lui en demanda la raison, il donna en sanglotant la réponse : "Si on est bien obligé - de faire - des choses comme ça, alors on ne doit - tout de même pas en plus - les dessi­ner." [...] II y en a eu qui ont coupé la gorge à d’autres avec leurs dents. On les a appelés de braves garçons. 4 »

Kraus voulait réapprendre à son époque à voir ce qu’elle montre et à lire ce qu’elle écrit. Pourtant, il savait que le sati­riste d’aujourd’hui est doublement désarmé devant les événe-

ments. D’une part, parce qu’« il arrive que l’irreprésentable se transforme chaque jour en une chose réelle, et une chose que la satire ne fait apparaître que comme son ébauche » 5. D’autre part, parce qu’il n’est pas certain que son époque ne vive pas précisément du ridicule qui devrait en principe la tuer : « Cela peut être le signe de la mort d’une culture, que le ridicule ne tue plus, mais agisse comme un élixir de vie. 6 »

Il y a aujourd’hui une immunité journalistique, comme il y a une immunité diplomatique. Elle repose essentiellement sur le fait que toute attaque contre le comportement et a for­tiori la fonction du journaliste est interprétée comme une atteinte inadmissible à une liberté fondamentale : la liberté de la presse, et une insulte à une des grandes religions de l’époque : la religion de l’information. Kraus n’a pas hésité, pour sa part, à poser et à reposer la question tabou, celle de savoir si les bienfaits que nous devons à l’instauration de la liberté de la presse ne sont pas en train de s’effacer devant les méfaits qui les surpassent de plus en plus. Sa conviction était que le pouvoir de la presse sur les esprits peut, d’une certaine façon, davantage aujourd’hui contre l’homme que la religion n’a jamais pu pour lui : « À un certain moment de l’évolu­tion européenne, la religion se trouva incapable d’aller plus loin. Alors, la presse intervint et fit aboutir les choses. Et vraiment, elle s’entendait mieux à flatter l’imparfaite nature humaine que la religion à lui venir en aide. Elle peut davan­tage contre l’homme que la religion pour lui. Quelle person­nalité puissante ne faudrait-il pas pour exercer de sang-froid ce formidable pouvoir que donne la presse, et rester vis-à-vis de l’humanité un rédacteur responsable ! Et quelle ne serait pas la force morale d’une société qui pourrait sans danger se remettre entièrement entre les mains d’un tel homme. Mais cet instrument de domination est aujourd’hui le gagne-pain d’une bande d’avortons moraux, il procure leur subsistance à tous les impuissants de l’esprit. Au commencement était le verbe, mais ceux-ci ne l’entendent pas et voilà pourquoi l’hu­manité, dominée par l’Antéchrist, en est réduite à attendre une nouvelle parole de vie. 7 » Kraus ne pouvait certainement pas scandaliser davantage les libéraux et les démocrates de son époque qu’en avouant, comme il l’a fait, que la défense de la liberté et de la dignité de la personne humaine ne lui paraissait pas aussi indissolu­blement liée qu’ils ont tendance à le croire à celle de la liberté d’opinion et d’expression, telle qu’elle est comprise aujourd’hui. La condamnation du journalisme moderne a été, chez lui, si radicale qu’il n’a pas hésité à reconnaître ouvertement qu’il redoutait moins, à tout prendre, la censure que ce qu’on est convenu d’appeler la liberté (c’est-à-dire, pour lui, la liberté de nuire) de la presse : « Censure et jour­nal. Comment ne devrais-je pas trancher en faveur de la pre­mière ? La censure peut étouffer la vérité à la longue, en lui enlevant la parole. Le journal étouffe la vérité pour un temps, en lui donnant les mots. La censure ne nuit ni à la vérité ni au mot ; le journal aux deux. 8 »

Constatant que la presse de son époque était, « si l’on fait abstraction de la petite divergence d’opinion qui a conduit au bain de sang des peuples, entièrement unanime pour exi­ger davantage de liberté de la presse, qui, comme on sait, représente une des conquêtes les plus précieuses de l’huma­nité et ne peut être séparée du bien de la liberté humaine comme telle », Kraus a fait remarquer que : « Bien qu’à pré­sent le droit d’être homme n’ait pas la moindre chose à voir avec la liberté d’opinion, telle que les voleurs de grands che­mins du progrès la propagent, et que l’on puisse très bien se représenter la plus complète disposition des biens de la vie sans une presse quotidienne, le peuple se voit inculquer si profondément, à coup d’éditoriaux, le lien indissoluble de tout ce que l’homme est en droit d’exiger de la vie avec un journalisme non censuré que l’on pourrait imaginer plus facilement des mécontents dans une époque sans presse que dans une époque sans pain. 9 » La force de la presse est, aux yeux de Kraus, de réussir à perpétrer ses crimes quotidiens contre les valeurs humaines les plus fondamentales à l’abri de la solidarité intrinsèque qu’elle a réussi à établir une fois pour toutes entre sa propre cause et celle de l’humanité, en tant que telle. La presse est toute-puissante, parce qu’elle dispose, plus que n’importe quel autre pouvoir, des moyens de se rendre indispensable aux yeux de l’opinion et est parvenue à rendre littéralement impensable un monde sans la presse.

Lorsque Kraus a eu à subir les attaques de gens qui l’accu­saient ouvertement d’avoir voulu précisément ce que le national-socialisme était en train de réaliser, à savoir l’anéan­tissement de la « journaille » (un terme qui, comme il l’a rap­pelé à cette occasion, n’avait pas été inventé par lui, mais par un collaborateur occasionnel de la Neue Freie Presse), il a répondu en disant que : « Le national-socialisme n’a pas anéanti la presse, mais la presse a produit le national-socia­lisme. En apparence seulement, comme réaction, en vérité comme accomplissement. 10 » Le soupçon injurieux qu’il a dû affronter, d’avoir enfin obtenu ce qu’il voulait et deman­dait, et d’avoir remporté en quelque sorte une victoire per­sonnelle, ne l’a pas amené à changer quoi que ce soit à sa position, qui était que, si la presse avait été dûment empê­chée de nuire en temps utile, le monde « n’aurait à se repen­tir d’aucune guerre et à avoir peur d’aucun Hitler » 11. Je ne crois pas que l’on puisse comprendre le caractère absolument définitif et radical du verdict de Kraus sur la presse si l’on oublie à quel point elle s’était déshonorée et disqualifiée, à ses yeux, par son attitude au cours de la Première Guerre mondiale. Il a assumé, sur ce point, le rôle du juge pour lequel la cause a été entendue et jugée une fois pour toutes. Et personne ne peut contester qu’étant donné la position héroïque et presque complètement solitaire qu’il avait défen­due lui-même à l’époque, il en avait jusqu’à un certain point le droit. Que la presse, à commencer par celle que l’on dit « libre », soit capable des pires infamies, Kraus ne l’a pas inventé et n’a pas eu besoin de le faire. Elle lui avait fourni toutes les raisons de le penser et de le dire.

Kraus était de ces hommes pour qui même les meilleures idées et les meilleures causes peuvent être discréditées par le genre d’individus qui les défendent ; et il ne concevait mani­festement pas que le journalisme puisse servir une cause quelconque sans la rendre immédiatement plus ou moins suspecte : « Celui dont c’est le métier d’avertir contre les dangers que fait courir à la civilisation universelle et au bien des nations l’évolution de la presse d’opinion mercantile, celui qui lutte pour la sauvegarde de toutes les forces conser­vatrices devant l’invasion d’une horde sans tradition, celui qui préfère même l’État policier - pas seulement au sens esthétique — à l’établissement d’un pouvoir arbitraire par la grâce de la journaille, celui qui reconnaît carrément que, dans tous les domaines du débat public, il a pris ne serait-ce que par ressentiment le parti des médiocres contre les plus médiocres, voire qu’il a abandonné la bonne cause parce que ceux qui la défendaient le dégoûtaient : celui-là peut espérer qu’on ne suspectera pas une profession de foi surprenante pour plus d’un, mais qu’on y verra la simple expression d’une conviction.12 »

Au nombre des professions de foi les plus surprenantes pour la mentalité de notre époque figure précisément la conviction inébranlable de Kraus que la défense du journa­lisme est une affaire qui doit être dissociée complètement de la défense de l’esprit et de la culture : « La vie de l’esprit n’est pas ce qui m’intéresse ici - je m’en occupe déjà moi-même ! Mais ce dont il s’agit est que la base de la vie soit assurée, laquelle ne me semble en aucune façon dénaturée par une atteinte à la liberté de la presse. Pas même par la réduction des titres, le fait de porter la main sur le nerf vital de la tyran­nie de l’opinion, de réfréner les parasites du cerveau. 13 » Kraus soutient que la véritable action en faveur de la vie et de l’esprit serait une « audace culturellement réfléchie » qui ose­rait tenter ce qui n’a jamais été fait : s’en prendre directement à ce que seule une habitude invétérée nous contraint encore à défendre et à une fatalité qui a réussi le tour de force de se faire passer pour une des conditions essentielles de la liberté.

À ses yeux, le pouvoir exorbitant de la presse d’aujourd’hui est bien autre chose qu’un simple phénomène socio-culturel. Le journalisme est devenu en quelque sorte une puissance métaphysique devant laquelle tous les pouvoirs temporels

ont également capitulé : « Je partage l’opinion progressiste que ce genre de chose n’a été possible jusqu’ici ni dans l’Au­triche libérale ni dans l’Autriche absolutiste : la détermina­tion qui, sans scrupules démocratiques, rompt la loi d’inertie et montre vis-à-vis de la fatalité qu’il y a tout de même, ma foi, quelque chose à faire. Je n’entre pas, il s’en faut de beaucoup, avec cette observation dans le champ de la politique, mais au contraire dans celui de la logique. 14 »

Kraus n’aurait évidemment pas été un satiriste s’il n’avait pas cru à la positivité et aux vertus du ressentiment. N’a-t-il pas cependant, sur le problème de la presse, été aveuglé par le ressentiment et n’a-t-il pas surestimé nettement l’impor­tance du phénomène et du pouvoir journalistiques ? Je n’en suis pas tellement convaincu, pour ma part. Bien avant que les sociologues de la culture ou peut-être plus exactement, en l’occurrence, de l’inculture ne le découvrent, Kraus avait déjà très bien compris que les véritables faits et les véritables événements sont constitués aujourd’hui par les représenta­tions que l’on en construit et les récits que l’on en donne : « La presse est-elle un messager ? Non : l’événement. Un dis­cours ? Non : la vie. Elle ne formule pas seulement la pré­tention que les véritables événements sont les nouvelles qu’elle donne des événements, elle produit également cette identité inquiétante qui fait naître à chaque fois l’apparence que les actes sont d’abord rapportés, avant d’être effectués, souvent aussi la possibilité de ces choses et, en tout cas, la situation dans laquelle les correspondants de guerre n’ont assurément pas le droit de regarder, mais les guerriers deviennent des correspondants de guerre. En ce sens-là, je laisse volontiers répéter après moi que j’ai, toute ma vie, sur­estimé la presse. Elle n’est pas un domestique - comment un domestique pourrait-il effectivement réclamer et obtenir autant ? -, elle est l’événement. À nouveau, la taille de l’ins­trument a dépassé la nôtre. Nous avons mis l’homme qui doit annoncer l’incendie et qui devrait sans doute jouer le rôle le plus subalterne dans l’Etat au-dessus du monde, au-dessus du feu et au-dessus de la maison, au-dessus du fait et au-dessus de notre imagination. 15 »

Il n’y a probablement pas de symbole plus parfait du monde « moderne », en un sens qui, pour Kraus, n’a depuis longtemps rien à voir avec ce qu’on appelle traditionnelle­ment les temps modernes, et en même temps de ce qu’il a combattu avec acharnement tout au long de sa vie, que la performance tout à fait digne d’admiration dont le récit ins­pire le dernier monologue du « Râleur » dans Les Derniers Jours de l’humanité (acte V, scène 54).

Le Râleur (lisant) : Désirant établir le temps exact nécessaire pour qu’un arbre qui se dresse dans la forêt se transforme en journal, le patron d’une papeterie dans le Harz a eu l’idée de procéder à une expérience fort intéressante. À 7 heures 35 minutes, il fit abattre trois arbres dans le bois voisin et, après écorçage, les fit transporter à l’usine de pâte à papier. La transformation des trois troncs d’arbre en cellulose de bois liquide fut si rapide que dès 9 heures 39, le premier rouleau de papier d’impression sortit de la machine. Ce rouleau fut emmené immédiatement en automobile à l’imprimerie d’un journal à quatre kilomètres de là, et dès 11 heures du matin, le journal se vendait dans la rue. Il n’a donc fallu que trois heures et vingt-cinq minutes pour permettre au public de lire les dernières nouvelles sur un matériau provenant des arbres sur les branches desquels, le matin même, les oiseaux gazouillaient encore.l6

Kraus estimait que l’« on ne peut se faire encore aujour­d’hui une idée des ravages causés par la découverte de l’imprimerie » 17. D’une civilisation capable de transformer aussi rapidement un arbre en journal et, qui plus est, de s’en glorifier, on peut sans doute s’attendre à bien d’autres choses aussi insensées et impensables les unes que les autres. « Les choses, constate Kraus, ont pris une tournure sans exemple dans aucune des périodes historiquement connues.l8 » Nous n’avons plus aucun point de comparaison pour essayer de savoir où nous allons.

Bien qu’il n’ait sans doute pas encore connu le pire en matière de toute puissance et de malfaisance de la presse, il n’est pas certain que les attaques de Kraus contre le journa­lisme puissent être réellement comprises aujourd’hui, parce que la capacité de résistance de notre époque à l’inimagi­nable et à l’indicible quotidiens s’est peut-être, comme il le craignait, encore amoindrie entre-temps. On peut espérer, cependant, au moins que les défenseurs de la nature odieuse­ment maltraitée par les conquêtes de la civilisation consenti­ront un jour à reconnaître à quel point ce « réactionnaire » était, en réalité, sur ce point-là comme sur tant d’autres, en avance sur son temps.

Jacques Bouveresse

Source éditeur

Notes

I. Karl Kraus, Untergang der Welt durch schwarze Magie, Paperback-Aus-gabe, in 10 Bändenn, Kosel-Verlag, Munich, 1974, vol. 7, p. 72.

%. Ibid.

3. Ibid., p. 71-72.

4. Ibid., p. 163.

5. DieFackel, 834, mai 1930, p. 3.

6. Ibid., p. 2.

7.  « Aphorismes », traduit de l’allemand par G. Goblot et M. Rubel, in « Karl Kraus », Cahiers de l’Herne, n° 28,1975, p. 24.

8. Beim Wortgenommen, Paperback-Ausgabe, vol. 3, p. 443.

9.  Weltgericht, Paperback-Ausgabe, vol. 10, p. 86.

10. Die dritte Walpurgimacht, Paperback-Ausgabe, vol. I, p. 280.

II. Ibid., p. 218.

ii. « Morale et criminalité », traduit de l’allemand par E. Kaufliolz, Cahiers de l’Herne, ibid., p. 28-29.

13. Die dritte Walpurgisnacht, p 217.

14. Ibid., p. 218.

iy. Weltgericht, ibid, p. 13.

16. Traduit de l’allemand par Jean-Louis Besson & Henri Christophe, édition à paraître, Agone 2004.

17. « Aphorismes », ibid., p. 25.

18. Ibid.

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 15:48

Le premier mouvement, devant un recueil d’aphorismes, est de le lire au hasard, à la recherche du meilleur, à l’exclusion du reste; le lecteur s’érigeant en juge plus avisé que l’auteur, qui, pour constituer son recueil, avait une raison, ainsi négligée. Contre pareille méthode de lecture, nous voudrions mettre en garde avec instance.

Car il y a deux sortes de recueils d’aphorismes : les vrais, et les faux. Les vrais, comme les Sudelbucher de Lichtenberg, où l’auteur consigne au jour le jour les idées qui lui viennent, sur le monde ou sur un mot; et qui peuvent être lus comme ils se sont élaborés, par touches impressionnistes. Les faux, que l’auteur compose après coup : en choisissant dans ses écrits antérieurs les mots, les propositions ou les pages qui expriment au mieux sa pensée, comme elle s’articule en un système.

Kraus a procédé ainsi pour ses trois recueils d’aphorismes : Dits et contredits, 1909; Pro domo et mundo, 1912; la Nuit venue, 1918. A ce qui lui paraissait avéré, le plus pertinent, dans la Fackel, son journal au sens propre du terme - sa réaction au quotidien -, il a ajouté les pensées provoquées par cet examen de « recueillement » : retour sur soi. Et dans cette réflexion, pour que l’anecdotique, occasionnel, n’occulte pas, par sa présence matérielle, l’historique, efficient, qu’il poursui­vait en esprit, Kraus éliminait du texte, général, la référence au prétexte, particulier, tout au plus signalé désormais, pour un éventuel et inutile aide-mémoire, par des initiales qui sont le particulier confondu à sa généralité. Le livre n’est alors pas un recueil, disparate, mais un traité, homogène, selon le modèle mathématique : où le lecteur se condamne à ne rien comprendre s’il veut parcourir le discours à son gré et non pas au gré de l’auteur; s’il saute une pro­position, fût-elle apparemment la plus insignifiante, qui est là, en tout cas, comme un tissu interstitiel : permettant au corps de l’ouvrage son organisation.

Dits et contredits, le titre déjà indique une perspective double : Kraus expose sa vue du monde - description satirique - et sa vision du monde - réflexion éthique -, leur écart circonscrivant l’aphorisme : le champ du trait d’esprit; où l’inventaire du présent, facticité dérisoire, aberrante ou pervertie, par la réaction de l’esprit, provoqué et provocant, conduit à l’invention d’une représentation « spirituelle », car elle est œuvre, à nouveau, d’une actualité sensée.

Kraus élabore ici, sans répit, le projet existentiel de l’écrivain : exprimer par des mots qui sont devenus propres - siens dans l’opération de sa réflexion sur eux - sa subjectivité, pour être, autant que possible, objectivé en réalité : dans une topologie rigoureuse, car elle est conforme, désormais, à une référence constante, qui va de soi.

Peu importe, ainsi, d’être d’accord avec Kraus ; vœu illusoire puisqu’il suppose, pour s’accomplir, qu’existeraient deux sub­jectivités absolument identiques. Il importe, au contraire, de ne pas être d’accord avec Kraus, car il se pourrait alors qu’on l’ait compris et, par contrecoup, qu’on soit parvenu à se comprendre également.

Cette subjectivité, exacerbée par son refus systématique de conciliation - avec autrui ou avec soi comme avec une idée reçue -, délimite en effet, quand on entreprend d’en saisir la raison, par son écart, la subjectivité de la propre raison. Kraus est ce miroir de l’art, qui reflète l’auteur mais éclaire le lecteur, en rapport au monde.

Le monde, Kraus l’aborde par les deux modes humains qui le vivent antagonistement, l’homme et la femme. L’homme, paraître dominateur, esprit par défaut de corps ; la femme, être dominé, corps en dépit d’esprit, qui, dans son désarroi, cherche à se travestir en la négation de son identité - l’homme - et, par cette déroute existentielle où le droit à une différence irréductible est confondu à une égalité indifférente, s’aliène sans recours.

Cette conception de l’être humain, créativement accompli -en erotique — dans la femme et l’enfant, fonctionnellement dégradé - en sexualité - dans l’homme, rejoint singulièrement la vision de Groddeck, qui permet aussi de comprendre la position ambiguë de Kraus vis-à-vis de la psychanalyse, dont il partage, jusqu’aux termes, nombre d’idées, tout en lui étant, ici avec mesure encore, hostile.

Si Kraus attaque Freud au lieu de le soutenir, c’est qu’il décèle dans le propos psychanalytique une volonté, philistine, de positivisme : de réduction de l’esprit à une matière. Il condamne la tactique des Lumières, bourgeoises au départ, petites-bourgeoises à l’arrivée : la mise en question d’une norme pour y mieux retourner. Car la psychanalyse peut se définir comme un projet de résolution, par sa compréhension, de l’anormal, dont le génie en particulier, dans la norme, acceptée dans la mesure où, quelle qu’elle soit, elle répond toujours à la même question : de point de vue.

C’est aussi pourquoi Kraus admire Weininger, bien que tout l’en sépare : le racisme, qui cherche un fondement biologique et, par la voie de la misogynie, rejoint l’antisémitisme, formulé par la fantasmatique de l’idéal aryen; reconnaissant, dans Ges-chlecht und Cbarakter, précisément la « pathologie » du génie, entreprise de négation de soi. Car Weininger était tout ce qu’il abhorrait : sémite, « féminoïde » et non pas viril ; un contredit incarné, poussé à l’extrême de sa déchirure : le suicide.

Weininger permet aussi à Kraus, par simple opposé, de définir son propre système, qui affirme l’essentielle bisexualité de l’être humain; toute répartition antagoniste des rôles, mas­culin et féminin, étant une fiction - idéologie et non pas biologie -, dont le corps découvre la vanité dans l’érotisme, abolition des bipartitions par jeu avec les données de la sexua­lité, naturellement morale, au contraire de la morale, par son artifice, obscène.

L’organisation du monde actuellement énoncée, factuelle-ment dénoncée, Kraus passe à son instrument d’(im)pression : la presse, qui, pour lui, est le véritable péché originel contre l’esprit. Car, sous une prétention, libérale, d’information, elle est projet, totalitaire de conformation : d’anéantissement des différants que sont les êtres.

Comme Kraus le constatera dans son dernier texte, la Dritte Walpurgisnacht, la presse est contre-sens de l’esprit : anti-verbe. Ainsi, elle a effectivement rendu possible le triomphe du sys­tème politique où s’accomplit la destruction de l’esprit, le nazisme, qui n’est que la mise en acte de ce qui, dans un journal, est mis en page : la perversion de l’instrument dont l’être dispose pour se créer, le verbe, jour après jour, au mépris de la rigueur qu’il suppose à bon escient, abusé en tout sens, jusqu’à ce qu’il ait perdu son sens.

Ce qui découvre la portée existentielle de la Fackel : non pas journal mais anti-journal, très vite écrit par Kraus unique­ment, en témoignage, contre la futilité de l’information, pour la nécessité de la formulation, vitale, car elle seule conduit au sens qu’implique l’individu, autrement perdu.

Profession constamment reprise d’une voix, la Fackel est, dans son propos, prophétique : non seulement parce que s’avèrent toujours plus ses textes à mesure que s’en éloignent les prétextes, mais aussi, et surtout, parce que son projet est celui-là même des grands prophètes de l’Ancien Testament. Ici comme là, les remontrances, répétées en désespoir de cause, s’élèvent contre la démission morale de l’individu en collectivité immorale où, par inconscience, il accepte l’aliénation de son entité; elles s’opposent au laisser-aller, à mort, du verbe, qui constitue toute la raison de l’être : sa création, ou culture.

La perversion du verbe dans le quotidien, où il s’abîme, en circonscrit le rôle dans son champ intrinsèque : la littérature, où l’aphorisme apparaît comme un accomplissement. Car le mot y est réduit à sa plus simple et plus complexe expression : débarrassé des redondances qui occultent sa fonction initiale de réflexion d’un style de vie.

Dans l’aphorisme, au contraire de ce qui se passe dans le journalisme, le mot ne saurait être compris immédiatement; il exige du lecteur pour être appréhendé, comme de l’auteur pour être formulé, une même discipline de l’esprit : la méditation dans ce qui le constitue, soi. L’aphorisme est une maïeutique : la provocation d’un esprit par un autre.

Dessein de formation de soi, ce recueil, comme retour sur soi, se conclut, naturellement, par un retour à l’enfance, dont l’univers, imaginaire, détermine l’être dans son mode réel : fonde les objets de la subjectivité.

Dans ce livre, où convergent les directions passées et futures de son oeuvre, Kraus a réponse à tout, dans la mesure où il est sensible et réagissant à tout, refusant le compromis : ce consensus d’opinion auquel tend précisément le journaliste, qui se satisfait dans l’accord avec autrui ou dans la certitude de l’avoir concilié : aliéné en soi.

Car en rapportant ses dits et ses contredits, Kraus définit exclusivement la dialectique de la création : où vivre implique un être autre; penser, un savoir autre; écrire, un dire autre; la vie, restituée à sa raison, étant remise en question : indéfinie.

Par sa remise en question, Kraus s’est actualisé essentielle­ment, comme la vie, dans son verbe; et c’est pourquoi il est vain, autant qu’erroné, de vouloir distinguer ici le bon du mauvais pour ne s’attacher qu’au meilleur, alors insignifiant : artificiel, comme une qualité non référée au défaut qu’elle reprend.

Dits et contredits, comme une personne vivante, est à prendre ou à laisser : effectivement un tout, ou un rien; non pas un ensemble de « mots » divers mais, dans son ensemble, un « trait » unique : un manuel pour l’application de l’esprit où, par son exercice, il se met en jeu; autrement dit, pleinement à l’œuvre.

Roger Lewinter.

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 09:11

Troisième nuit de Walpurgis est le dernier long texte de Kraus, le point d’orgue de son activité de journaliste et de polémiste, qui a commencé en 1899 avec la création de Die Fackel, journal dont la mission est déjà annoncée par son titre qui peut se traduire par « Le Flambeau ». Eclaireur et sentinelle, Kraus a été animé par la volonté de combattre l’obscurantisme et d’attirer l’attention sur les démissions de l’esprit, les manquements à la raison et les agressions contre la nature. Possédé par sa mission et persuadé de son devoir d’intransigeance, il a rédigé seul Die Fackel à partir de 1911. Les numéros pouvaient être d’importance très inégale, allant de quelques feuillets à plus de cent pages. Rien de plus contraire à l’exigence de vérité, selon Kraus, que de sortir un journal ayant toujours le même nombre de pages alors que l’intérêt de l’actualité fluctue. Avant même toute considéra­tion sur la façon dont est traitée l’information, la régularité du volume est déjà pour lui le signe d’un mensonge et d’un danger car, bridant toute hiérarchie, la presse met ainsi les informations au même niveau sans pouvoir toujours en sou­ligner aucune à sa juste valeur, gonflant ou réduisant l’im­portance d’un événement en raison des seules nécessités d’un calibrage figé : selon la saison, autant de place peut être accordée à l’invasion d’un pays ou aux dérapages policiers qu’aux mariages princiers ou aux frasques d’une femme d’avocat, le tout entrecoupé de publicités — subsides dont se passait Die Fackel, qui ne vivait que des recettes des ventes et des abonnements. Aussi longtemps qu’il a paru, ce journal a bénéficié d’un lectorat qui pouvait lui aussi fluctuer, allant de 9.000 à 38.000 lecteurs selon les numéros. Kraus ne se souciait pas de fidéliser ses lecteurs en les caressant dans le sens du poil. Il s’en prend même parfois directement à eux quand ils l’agacent et veulent l’enfermer dans un rôle comme celui du trublion patenté qui doit avoir une idée sur tout et le faire savoir publiquement. C’est ainsi qu’il déclare au début de Troisième nuit de Walpurgis : « Certains [lecteurs] sont si impétueux que je recule davantage devant eux que devant le danger ; ils prennent en effet d’assaut une librairie avant de partir à regret en insinuant que "c’est sans doute par peur qu’on ne paraît pas". Bien deviné dans la mesure où la conscience de se présenter dans ces moments-là devant de tels partisans est aussi un facteur de blocage. » À l’obligation d’écrire, Kraus a substitué, pendant les premiers mois de l’année 1933, celle de prendre la mesure de la catastrophe. Comme un acteur de théâtre qui fait de son silence un soutien de la réponse à venir.

«Je reste coi;

et ne dis pas pourquoi.

Et il y a du silence, alors que la terre craquait.

Aucune parole qui touchait; [...]

ensuite c’était indifférent.

La parole s’endormait lorsque ce monde s’éveillait »,

fait-il paraître dans le bref numéro qui précède Troisième nuit de Walpurgis, dont le texte était destiné au départ à faire tout un numéro de Die Fackel. Il ne l’a été que partiellement - numéros 890-905, fin juillet 1934 -, Kraus ayant renoncé au dernier moment à tout publier pour ne pas mettre ses amis en danger. Car le danger qui menace tous les opposants en cette année 1933 est plus grave que jamais. Et aussi éton­nant que cela puisse paraître, Kraus semble être l’un des rares à s’en apercevoir si tôt et avec autant de clairvoyance, ne por­tant pas un jugement simplement politique mais fournissant, à partir d’une critique de la langue, une analyse de ce phénomène qu’il appelle l’« Événement ».

Les trois cents pages de Troisième nuit de Walpurgis ont été rédigées en cinq mois, et seulement trois après la nomina­tion de Hitler au poste de chancelier par Hindenburg, le 30 janvier 1933. Mais déjà Kraus semble avoir tout compris de ce qui se préparait : non pas pressenti ou anticipé, car ce n’est pas le livre d’un voyant mais celui de quelqu’un qui simplement sait regarder. Les documents sur lesquels il s’ap­puie, tout le monde pouvait en disposer. Kraus n’avait pas de sources d’information secrètes ou privilégiées. Il lisait simplement les journaux, écoutait la radio (« Souvent il suf­fit d’écouter la radio quand on recherche la vérité »), opérait des recoupements, vérifiait, classait. Il donne d’ailleurs expressément ses sources d’informations : XArbeiter Zeitung, le Berliner Tageblatt, la Neue Freie Presse, la Reichspost, la Berliner Illustrierte et - modérément, comme il le dit - Mein Kampf (cai qui sait lire n’a pas besoin d’en faire son livre de chevet pour voir quelle idéologie il colporte et quel but il poursuit). Dès 1933 donc, Kraus parle longuement des pré­paratifs de guerre de l’Allemagne nazie, de ses visées expan­sionnistes, de l’antisémitisme affiché et brutal, de la struc­ture préfasciste de la société allemande, des camps de concentration (le premier, Oranienburg, a été ouvert en février 1933, suivi par celui de Dachau en mars de la même année), des tortures, des exécutions sommaires, des sévices perpétrés contre les femmes accusées de « se commettre » avec des Juifs, de la « détention préventive » comme incar­cération arbitraire et sans jugement permettant de mettre rapidement les opposants à l’écart. Si Kraus est prophétique, c’est dans quelques phrases qui résument la nature profonde du nazisme — dont il ne verra pourtant jamais toute l’hor­reur puisqu’il est mort en 1936, deux ans avant l’AnschluE, dont il honnissait l’idée : « C’est un moment, dans la vie des nations, qui ne manque pas de grandeur dans la mesure où, en dépit de l’éclairage électrique et même de tous les expé­dients de la radiotechnique, on renoue avec l’état primitif et où un bouleversement de toutes les conditions de vie passe souvent par la mort. » Ou ceci : « Simultanéité d’électro-technique et de mythe, de désintégration atomique et de bûcher, de tout ce qui existe déjà et n’existe plus ! »

Comment prétendre alors qu’on ne savait pas, qu’il était impossible de savoir? Ces « millions de gens qui ont tout sous les yeux et ne remarquent rien »... La seule explication pour Kraus est qu’on ne voulait pas savoir, qu’on se refusait à imaginer comme possible ce qui arrivait aux autres parfois au vu et su de tous : « Les rites très stricts de la préventive [...] subsistent en vertu de la fidélité des zélateurs à leur foi et plus encore parce que ceux qui dorment dans des lits ne veulent pas y croire. » Ne pas admettre les choses tant qu’elles ne nous touchent pas personnellement. C’est ainsi que le président du Pen Club autrichien, lui-même juif, déclare qu’il n’a rien à reprocher (personnellement) aux nazis et qu’on ne lui a jamais rien demandé sur sa judéité, répétant qu’il n’a jamais été importuné par les nazis et que c’est leur faire un bien mauvais procès d’intention que de les suspecter de visées aussi horribles que les interdictions professionnelles, les camps de concentration et les tortures.

Ce qui semble avoir initialement profité au nazisme est moins le fait que la population ait été tenue à l’écart qu’elle ait été intégrée dans une orchestration du mensonge ; elle a favorisé son installation au pouvoir avant de refouler et de dénier sa participation. Loin d’être une catastrophe surgie de nulle part, le nazisme a su s’appuyer sur les attentes, les peurs et les désirs refoulés de tout un peuple qui, dans une large part et depuis les années d’après la Première Guerre mon­diale, y a trouvé son compte. Plusieurs fois Kraus s’insurge contre la léthargie ambiante et contre cette abdication de la conscience : « Les Allemands ne se rendent-ils pas compte — car les autres s’en rendent compte — non seulement qu’au­cune nation ne se réfère aussi souvent qu’elle au fait qu’elle en est une mais que le reste du monde n’emploie pas aussi souvent en une année le terme de "sang" que ne le font les radios et les journaux allemands en une journée ? » Ou ceci : « Ces voix et ces visages ne devraient-ils pas au moins permettre à celui qui est né d’une mère de voir juste ? » Ou à propos de Hitler : « L’observateur ne ressent-il pas des brû­lures d’estomac quand notre homme apparaît en public, affable et surtout débordant d’amour pour les enfants ? » Et ceci encore : « Que cela ait un effet encourageant plutôt que déprimant, voilà ce qui est phénoménal. »

Source éditeur

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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 11:59

Le troisième tome de mon entreprise prend un peu plus de temps que prévu. A cela de multiples raisons. Je ne suis pas sûr en définitive, que l’une de celles-ci soit plus à prendre en compte qu’une autre. Une chose est certaine, l’ambiance absolument oppressante et trouble de cette partie du récit n’est pas sans effets sur mon psychisme. Ceci étant dit, je pense tout de même que j’arriverai à récupérer cet étrange « temps perdu ».

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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 12:42
Bon, il semble que je sois si bavard que l’intendance d’overbl** s’est sentie obligée de me dire que ma page ENTRETIENS contenait déjà trop de caractères. J’ouvre donc une seconde page intitulée comme il se doit ENTRETIENS 2. Cet échange avec Joël Dubos s’est déroulée à Blois, durant les Rendez-Vous de l’Histoire, il y a deux semaines. J’y parle de Fritz Haber, beaucoup, et un petit peu, dans la dernière question, de mes autres projets avec mes amis Daniel Casanave, Ambre et Guillaume Guerse.
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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 14:31

En cette période, allez savoir pourquoi, je réponds à de nombreuses interviews, qui toutes presque se transforment en véritables entretiens. La dernière en date est publiée sur un site absolument inatendu, puisqu’il s’agit du site ActuSF, un site qui consacre la plupart de ses pages à l’actualité de la science-fiction. On y parle un peu de bande dessinée, mais pas vraiment de bande dessinée historique, je me demande encore comment et pourquoi ce site m’a fait une si large place. Comme mon petit lectorat n’aura peut-être pas l’idée de se perdre dans ce vaste ActuaSF, je place ici le lien de l’interview, et ouvre une nouvelle page qui reprend les interviews les plus approfondies que j’ai pu donner autour de mon travail tournant sur Fritz Haber. 
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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 14:34

On parlera de mon travail et on se penchera plus spécifiquement de la mise en forme narrative de l’époque propre à Fritz Haber au sein de mes bandes dessinées dans un colloque organisé par le collectif Textyles, événement annuel qui aura pour thème cette année « La bande dessinée francophone belge contemporaine ». Cela se tiendra à L’Université Libre de Bruxelles (ULB) et en voici le programme

C’est Hubert Roland, germaniste, professeur de littérature allemande à l’université de Louvain-La-Neuve et chercheur au Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS), spécialiste de l’Allemagne expressionniste et de la réception de l’Allemagne au sein des lettres belges qui se penchera sur l’humble travail qui remplit mes jours depuis maintenant près de quatre ans. Ce sera intéressant, sans aucun doute délicieusement pointu, et peut-être pas trop sévère, va savoir…

Outre ma pomme, on parlera également à ce colloque des travaux de Dominique Goblet, de Pinelli, de Stassen et du Fremok. Que ceux qui apprécient ce genre de choses y courent, je me demande si ce n’est pas la première fois que la Belgique connaît un colloque se penchant sur la bande dessinée… 

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 15:45

Allez ! Hop ! c’est parti ! Le travail du troisième tome de Fritz Haber est lancé, le scénario est presque terminé et la réalisation des planches peut enfin commencer. Rendez-vous dans 22 mois pour le résultat final…

Ah bé oui, 22 mois, c’est fait à la main tout ça, ma bonne dame.


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18 mai 2008 7 18 /05 /mai /2008 10:07

Surnommé le Bismarck des musées, Wilhelm von Bode (1845-1929) fut le grand directeur d’État des collections d’arts allemandes et l’auteur de nombreux ouvrages qui feront autorité sur la peinture (un gigantesque Rembrandt en 8 volumes) et la sculpture européenne.
Entré en 1872 au service des musées royaux de Berlin en tant qu’assistant. Sous la direction générale de Richard Schöne. il fut promu en 1883 au poste de directeur du département des sculptures chrétiennes tout en restant l’assistant du directeur de la galerie de tableaux. Quelques mois après l’offre qu’il fit à Strasbourg, à l’automne 1890, il succéda à Julius Meyer à la direction de la galerie de tableaux de Berlin, et occupa à partir du 1er décembre 1905 la fonction de directeur général des musées royaux. Il avait assisté et contribué, aux côtés de Julius Meyer, à la poli­tique expansive d’acquisitions. Cette activité l’amena à nouer des contacts, dans toute l’Europe avec des marchands d’art qui jouè­rent aussi un rôle pour Strasbourg.

Proche du peintre d’origine juive Max Libermann, président de l’académie prussienne d’art et qui deviendra lui aussi l’un des 93,
Wilhelm von Bode était un conservateur de musée particulièrement qualifié sur le plan scientifique. Parce qu’il jouissait d’une grande confiance de l’empereur Guillaume II, dont il devint un proche, le « savant Docteur Bode » jouissait d’une large marge de manœuvre et pu aisément remplir de trésors les musées impériaux. Non seu­lement il travailla à l’extension des musées de Berlin, mais il stimula encore l’activité d’un grand nombre de collectionneurs privés, tels que Walter Rathenau ou Leopold Koppel, qui se conduisirent plus tard en véritables mécènes.

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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 14:31

 

Bon, ça se passera au "studio", mais comme le grand hall est joli...


Je copie-colle ici la présentation officielle de ma prochaine "apparition publique", ce jeudi 15 mai à Bruxelles :

Le Service de la Promotion des Lettres et le Rideau de Bruxelles vous invitent à une séance des « Jeudis Lire ».  La Belgique, terre de bande dessinée… Cette image d'Epinal est-elle encore d’actualité ? Sans aucun doute même si la suprématie belge doit aujourd'hui composer avec une véritable explosion de publications arrivées des quatre coins du monde, brassant le meilleur comme le pire. David Vandermeulen est du côté du meilleur : la biographie (deux tomes déjà parus), servie par un dessin magnifique, qu'il offre de Fritz Haber, Juif allemand très ambitieux, chimiste lauréat du prix Nobel en 1918 et inventeur du tristement célèbre Zyklon B, offre le tableau de cette époque des « conceptions du monde » qui allait plonger l'Europe dans la guerre et la fureur. Il sera accompagné par Jan Baetens, récemment couronné par le Prix triennal de poésie de la Communauté française, qui proclame poétiquement son amour de la bande dessinée et par Thierry Groensteen qui nous donnera ses clés pour comprendre le 9e art.

Présenté par
Laurent Moosen

Le jeudi 15 mai 2008
de 12h30 à 13h30
Palais des Beaux-Arts (Studio)
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles

Entrée gratuite
Informations : 02 413 23 21 ou michelle.dahmouche@cfwb.be

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