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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 09:31

J’en avais été averti depuis quelques mois, la ville de Wrocław était en lisse pour devenir ville européenne de la culture en 2016. Le projet défendu par la ville était selon moi d’une audace et d’une intelligence rares : car la plus grande partie du dossier reposait sur l’idée très simple et pourtant très peu séduisante d’un point de vue purement touristique et culturel : louer les mérites de Wrocław, en mettant en lumière la vie de grands Nobel du début du XXe siècle qui y ont habités ou qui y ont professés, tout cela en plaçant principalement l’accent sur le Nobel le plus controversé de tous : Fritz Haber. Pour dire la vérité, je n’ai jamais été véritablement persuadé que la ville puisse emporter quoique ce soit avec un tel dossier. Non pas que l’angle ne soit pas intéressant, mais bien parce que – et je suis bien placé pour le savoir – tenter de faire comprendre toute la mesure de la complexité d’un personnage tel que le fut Haber est selon moi un tour de force des plus difficiles qui soit. De plus, délicate provocation supplémentaire : vanter la culture d’une ville polonaise en se focalisant sur son passé prussien, avait le mérite de personnellement me séduire.

On l’aura compris, Wrocław a finalement décroché son futur statut : elle sera bien élue ville européenne de la culture en 2016, et elle fera la part belle à son histoire qui la lie aux destins complexes et tragiques de Fritz et Clara Haber. Ce sont surtout Magda Dunikowska, journaliste, et Ludwik Turko, physicien et homme politique au parlement polonais, que j’ai tous deux rencontré à Wrocław cette année, qui ont bâti et remporté à eux deux ce pari fou. Par la suite, je traduirai et publierai l’excellent article d’une vingtaine de pages que ce téméraire duo a récemment consacré au breslauer Fritz Haber. 

044Ludwik Turko

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 10:04

Un parallèle amusant me vient, à propos de la genèse des faits historiques : si de nos jours il se dit qu’un événement existe pour le monde seulement s’il est corroboré par des images, ne pourrait-on pas avancer avec cette même logique, que les événements de l’an Mille l’ont été, uniquement parce que la Chrétienté les a reconnus et en a fait part ? En tout cas, c’est ce genre de réduction simpliste qui vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on se penche sur la conversion au christianisme de Mieszko Ier, en 966, une conversion qui fut, tous les livres d’histoire s’accordent sur ce point, à la base de l’acte fondateur de la nation polonaise. C’est donc ainsi que les historiens définissent la naissance de la nation polonaise : inexistante tant qu’elle était plongée dans les méandres du paganisme, la Pologne sortit de la préhistoire et émergea à la face du monde dès que Mieszko Ier se fit baptisé à Ratisbonne (évitant par cet acte une conversion que le Saint Empire germanique comptait de toute façon lui imposer), tout  en gagnant une réelle souveraineté, reconnue par le Saint Siège. La logique historique semble imparable : dès cet acte précis, le baptême de Mieszko Ier, la Pologne apparut officiellement sur les cartes de l’Europe chrétienne. La Pologne trouvait enfin son identité, du fait que celle-ci fut confirmée et légitimée par la chrétienté.

Cette apparition de l’identité polonaise semble pourtant tenir de la pure construction. Même christianisée, la Pologne progressa très lentement dans la voie de la civilisation. Les trois siècles suivants, seul le clergé, composé en grande partie d’ecclésiastiques allemands qui ne s’exprimaient que par le latin, entretint des foyers de culture réduits, dont le rayonnement demeura particulièrement limité. Quant aux cours royales, princières et seigneuriales, leurs éclats autant que leurs raffinements étaient quasi inexistants, pas même une trace d’un quelconque art oral semble avoir été en usage. Et ce n’est encore rien dire de l’influence quasi nulle que la Pologne avait à cette époque sur l’échiquier géopolitique. La Pologne fut à l’aube de sa légitimité, isolée, fragile et menacée, les invasions mongoles et le sac de Cracovie en 1241 en sont de funestes exemples. Ce sont par ailleurs les menaces croissantes sur l’indépendance polonaise des prétentions des chevaliers teutoniques installés en Prusse qui ont, semble-t-il, fait naître une première conscience nationale, une conscience nationale qui a très souvent rimée avec antigermanisme. Il faudra attendre le XIVe siècle, sous le règne de Casimir III, le roi bâtisseur ayant à son actif la fortification de près de trente villes et autant d’églises, pour que la Pologne s’impose comme nation politique et obtienne pour la première fois de son histoire le contrôle d’une route de commerce quelque peu importante. C’est donc seulement sous Casimir III, dont on disait qu’il avait trouvé un pays fait de bois et qu’il l’avait laissé fait de pierres, que la Pologne, enfin, s’imposa un tant soit peu. Avec, comme événement majeur de la vie culturelle polonaise, la date de 1364 et la création de l’Université de Cracovie. Ce ne fut qu’à partir de ce moment que, petit à petit, les intellectuels de l’Europe centrale commencèrent à se rendre en Pologne et que la science latine enfin se déploya. Il faudra cependant encore attendre un siècle avant qu’une pensée véritablement polonaise puisse émerger, et un siècle de plus, avant de voir la langue polonaise véritablement se développer. Le cas même de Copernic, héros polonais par excellence, demeura très longtemps un sujet de controverse puisque le grand scientifique, né à Thorn, ville située sur le territoire polonais mais passée sous la direction des princes-électeurs Hohenzollern, ne parlait que l’allemand et le latin. Copernic fit par ailleurs l’essentiel de ses études en Italie, sans jamais décrocher le moindre diplôme à l’université de Cracovie.

Du XIIe siècle, époque du premier texte rédigé en polonais, au XVIe siècle, les récits en polonais se réduisaient à très peu de choses. Quelques psaumes, l’une ou l’autre compilation hagiographique, une traduction de la Bible ou de textes apocryphes, et c’en était tout. Mais la littérature polonaise, toute aussi chiche fut-elle durant plusieurs siècles, n’en demeura pas moins fondatrice de l’identité du pays. Le texte inaugural de l’histoire littéraire polonaise dont je viens de faire mention plus haut, était un Cantique de la Sainte Vierge, et il servit plusieurs siècles durant de principal chant de guerre. Cette réelle naissance identitaire, longue et pénible, quand elle se déploya enfin, eut à subir une croissance, un essor culturel et politique si rapides, que tout cela coûta à une élite encore trop peu nombreuse. Le pays s’épuisa aussitôt et une décadence prompte autant que brutale s’imposa pour faire place à un obscurantisme clérical étouffant toute pensée émancipée. L’universalisme fut proscrit et le nationalisme de quelques piètres patriotes tenta de faire face aux multiples invasions et guerres civiles que la ruine du pays avait attirées. À la merci des grandes puissances voisines, Prusse, Russie, Suède, Autriche, la Pologne se démantela, évita la spoliation générale mais non la déchéance morale et politique qui trouva son comble au XVIIIe siècle, sous les rois saxons. Au XIXe siècle, en face du désastre qu’était devenue la pauvre Pologne, même Napoléon ne trouva pas l’audace de restaurer l’indépendance polonaise ; il se contenta d’établir un Grand-duché de Varsovie qui, dès la chute de l’empereur, fut écrasée par la Russie. Les intellectuels fuirent, les romantiques tels qu’Adam Mickiewicz ou Chopin s’exilèrent en France.

Je vais clore ici cette brève et succincte histoire de la Pologne, en rappelant toutefois que ce n’est que depuis les accords de Yalta de 1945 que la Pologne connut enfin une stabilité territoriale et qu’il faudra encore attendre quelques décennies avant que le pays puisse se démarquer totalement de l’emprise soviétique. Dans mon prochain papier, mon lecteur perdu devrait enfin comprendre pourquoi je digresse tel un Tristram Shandy sur ces histoires polonaises.

Constitution-polonaise-du-3-mai-1791.jpg

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 09:55

En vieux polonais, son nom, Wrócisław, signifiait : « celui qui reviendra glorieux ». Si l’on se penche sur le destin de cette ville, c’est en effet ce que l’on peut appeler un nom de baptême aux étonnantes puissances performatives. Car la naissance de la Pologne est trouble, et Wrocław n’a cessé d’être sous la coupe de différents états et royaumes. Wrocław ne fut, en fin de compte, que très peu polonaise. Ce n’est qu’il y a très peu de temps que cette vieille nation a eu, elle aussi, l’opportunité de se sentir enfin polonaise. La naissance de la Pologne se fonde donc sur une légende qui, comme beaucoup d’autres légendes, singe les grands récits – c’est du moins l’intérêt que je porte à la philologie qui m’a toujours fait voir les choses sous cet angle. La légende originelle de la Pologne me rappelle furieusement un passage de la Genèse, qui raconte l’histoire des trois fils de Noé – Sem, Cham et Japhet – qui s’étaient séparés en trois directions distinctes afin de se partager le monde. Pour résumer l’histoire et ses conséquences grossièrement, on dira que Sem devint le père des Sémites, Hébreux et Arabes ; Cham, celui des peuples noirs ; et Japhet, celui de l’héritage grec, des Européens. On évalue généralement la naissance de la nation Polonaise aux alentours de l’an Mille, date vers laquelle le christianisme s’imposa dans la région. La Chronique de la Grande Pologne, premier texte anonyme connu abordant la naissance de la Pologne, a, chose amusante, été écrite (probablement à Poznań), en 1295, en plein essor du christianisme. Ce texte rappelle l’histoire de trois frères, Rus, Czech et Lech, qui, comme les fils de Noé, ont également cherché des endroits différents afin que chacun d’entre eux se trouve une place dans le monde. Comme dans la Genèse, cette légende suggère que les peuples du monde bénéficient d’une ascendance commune, à cette particularité près que, dans le cas qui nous occupe, les peuples du monde se résument aux seuls peuples slaves : Rus ira vers l’Est et s’installera en Ruthénie, forgeant ainsi les peuples russes et ukrainiens ; Czech ira vers le sud et donnera naissance à la Tchéquie ; tandis que Lech choisira l’ouest, trouvant une clairière où il aperçut le nid d’un aigle blanc. Il baptisa le lieu Gniezno, ce qui veut dire nid, et y établit son peuple, appelé les « habitants des champs », ce que, d’un point de vue étymologique, polonais veut dire.

237.jpg

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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 10:54

 

L’Appel aux Européens circula durant la fin de 1914 mais il fallut attendre 1917 pour qu’il soit réellement publié, au sein d’un ouvrage de Nicolai titré Die Biologie des Krieges. Il faut savoir que toutes les publications allemandes sorties durant le conflit étaient strictement corsetées par la censure officielle. Seuls peut-être réussirent à voir le jour certains articles parus dans la revue expressionniste "Die Aktion", l’une des rares revues d’opposition, cela surtout grâce à l’habile stratégie de son rédacteur en chef Franz Pfemfert. On a du mal aujourd’hui à saisir le courage qu’il fallut à Nicolai pour oser publier ce texte, et l’on ne mesure plus très bien – d’ailleurs, qui s’en souvient ! - des difficultés que ce genre d’entreprise entraînaient. A peine le livre de Nicolai fut-il imprimé en Allemagne que la police mit la main sur les stocks et arrêta l’imprimeur. Malgré cela, l’opération ne pu empêcher à plusieurs exemplaires du manuscrit d’être mis en circulation. Ce fut l’opposant Leonhard Frank, un poète expressionniste qui traversa à ses risques et périls la frontière Suisse, qui offrit  le manuscrit aux éditions zurichoises neutres Orell Füssli, ce qui facilita quelque peu la diffusion du texte. Dans son édition suisse, Die Biologie des Krieges fit immédiatement sensation, et la première édition fut épuisée avant même que Nicolai ne put en recevoir un exemplaire. Dans les salons antimilitaristes d’Europe, le livre fit un tabac et très vite se succédèrent les traductions danoises, suédoises et anglaises. Le grand pacifiste français Romain Rolland, à l’époque en exil en Suisse, avait surnommé Nicolai "Le Grand Européen", c’est d’ailleurs lui qui rédigea la préface de la seconde édition.
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 09:06
Rathenau-Dernburg.jpg
Plusieurs personnes m’ont demandé ce que venait faire l’épisode du Sud-Ouest africain dans une œuvre biographique consacrée à Fritz Haber. Je comprends que cela puisse étonner et que certains puissent y voir un épisode hors sujet. S’il est exact que Fritz Haber ne mit jamais les pieds au Sud Ouest africain, on se sera peut-être rendu compte, avec le premier tome qui avait pour titre L’Esprit du Temps, que la biographie de l’Allemagne m’intéresse tout autant sinon plus que mon personnage principal. Mais ce que certains n’ont peut-être pas vu à la première lecture, c’est que ce sont deux juifs, Rathenau et Dernburg, que l’Allemagne de Guillaume II chargea de mission pour établir un rapport sur le premier génocide du XXe siècle perpétré par les forces coloniales allemandes sur les populations hereros durant les années 1904-1908.
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10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 09:44
Theodor Lessing, grand admirateur de Harden dans sa jeunesse, parle de la Zukunft, le grand journal hebdomadaire berlinois lancé par Harden. Cela donne une manière simple et claire de comprendre ce qui fait le cœur de la vocation journalistique.
Zukunft.jpgLe grand développement de Harden commença en 1891 lorsqu’il créa sa propre revue, avec, à l’origine d’infimes moyens, grâce aux éco­nomies avancées par son frère Julien et le patron d’un kiosque à jour­naux, Stilke. La revue fut appelée Zukunft.
A cette époque, le conflit opposant le jeune empereur Guillaume II au vieux chancelier d’Empire Bismarck faisait rage. Harden mit sa re­vue au service de la politique bismarckienne sans toutefois aliéner son autonomie. Otto von Bismarck avait distingué la plume de Harden en raison de ses articles et de ses critiques. Renvoyé, abandonné par beau­coup, il se souvint de Harden et invita le jeune écrivain chez lui à Varzin. Peu après, Harden devenait membre du cercle des familiers de Bis­marck. Kurt von Schlözer, Franz Lenbach le peintre, Ernst Schwe-ninger le médecin devinrent ses proches amis. Et dans les modestes fas­cicules bruns de la Zukunft on brassait une politique anti-impériale, la meilleure de toute l’Allemagne.
Il serait faux cependant de ne retenir de la Zukunft que le fruit de l’alliance avec Bismarck. Harden veillait jalousement sur son indé­pendance et son incorruptibilité. Pas un camp, pas un parti qui eut pu se flatter d’avoir durablement influencé Harden. Surtout pour ce qui était de la politique sociale (il s’était rapproché du pasteur Friedrich Naumann), ses idées divergeaient de celles de Bismarck. Il soulignait toujours qu’il ne se sentait pas apte à « épouser les haines d’autrui », c’est-à-dire de conforter les hantises de Bismarck ; et pourtant il y avait UN point sur lequel il était à l’unisson avec le Vieux de Sachsenwald, d’une fidélité pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême: c’était la haine envers la personne de l’Empereur. Difficile de dire sur quoi se fondait son aversion.
Harden détestait l’emphase théâtrale et l’inconsistance de l’Empe­reur. Il était l’auteur du mot suivant : « Au vieil Empereur a succédé un sage Empereur et enfin un Empereur qui voyage. » Il critiquait les paroles creuses d’une politique de spectacle et de catastrophe, ainsi que cette façon de poser à l’homme fort dont l’humeur était imprévisible. Chaque déclaration du monarque suscitait chez Harden dérision et raillerie. La seule mention du nom de Harden éveillait le méconten­tement et la vindicte de l’Empereur. Progressivement, la Zukunft de Harden allait devenir le quartier général et l’instrument majeur des hauts dignitaires de l’Empire, de la noblesse prussienne, des militaires et de l’administration qui portaient un jugement critique sur la per­sonnalité de l’Empereur et qui étaient mécontents de son triompha­lisme. Vers 1900, Harden était devenu le publiciste le plus choyé des vieux conservateurs prussiens.
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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 08:57

Harden-Eulenburg.jpgDans Les Héros, je fais dire à Maximilian Harden, qu’il fut le créateur du mot « homosexualité ». En réalité, et contrairement à ce qu’il laissait croire, et bien qu’on lui doive la célébrité du mot, Maximilian Harden n’était pas le père du néologisme homosexualité, terme que l’on attribue généralement à Karl Maria Kertbeny, un berlinois d’origine hongroise, qui usa en 1869 pour la première fois du terme homosexualité, mot qu’il créa pour ne pas avoir à employer l’expression « impudicité contre-nature ». Marcel Proust, quand il cherchait le mot le plus adéquat pour définir un homme commettant un acte contre nature lors de son ébauche de la Recherche, jugeait : « Homosexuel est trop germanique et pédant, n’ayant guère paru en France – sauf erreur – et traduit sans doute des journaux berlinois, qu’après le procès Eulenburg ». L’Allemagne de 1871-1918 avait une relation toute particulière avec l’homosexualité puisque, dès 1871 et de façon unique au monde, s’est développé dans l’Empire une répression pénale, avec l’introduction au code pénal allemand du célèbre § 175, paragraphe qui condamnait tout acte sexuel entre hommes ainsi qu’entre hommes et animaux, et face à cette répression, naquit parallèlement une contestation soutenue par diverses personnalités éminentes, opposition qui s’est concrétisée par l’apparition des premiers mouvements homosexuels officiels. On assista donc à des procès retentissants, comme celui de 1869 qui vit le peintre Carl von Zastrow se faire condamner à quinze ans de travaux forcés pour violences et acte de sodomie sur un adolescent, alors que dans un même temps, les Allemands découvraient en 1891, Adolf Brand et Der Eigene, la première revue homosexuelle au monde, ou encore la naissance du WHK, Wissenschaftlich-humanitäres Komittee, le Comité Scientifique Humanitaire du docteur Magnus Hirschfeld, véritable mouvement homosexuel moderne qui s’opposa de façon affichée au § 175. Le scandale Krupp, du nom du grand industriel Fritz Krupp, ami de l’Empereur comme du prince Eulenburg, retrouvé mort dans sa chambre un jour de novembre 1902, émut la population quand les déclarations de sa femme Marga puis ceux beaucoup plus publiques du Vorwärts, journal social-démocrate berlinois, annoncèrent que Fritz Krupp tenait une double vie et organisait des parties fines homosexuelles dans sa villa de Capri.

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 09:56
HardenValoton.jpgHarden par Vallotton

C’est Bismarck, sans doute amer de s’être fait congédié par Guillaume II et remplacé par Eulenburg en 1890, et surtout écœuré par les mœurs douteuses d’Eulenburg (il ira jusqu’à écrire à son fils que la relation entre L’Empereur et Eulenburg « ne peut pas être mise sur le papier ») qui instruisit Harden des mœurs privées du prince Eulenburg. Harden, en possession d’une correspondance compromettante entre Kuno Molkte et Eulenburg, attendit 1902 pour rédiger un premier article dans son journal Die Zufunkt. Cet article dévoilait la relation Eulenburg-Molkte de telle façon qu’elle ne fut compréhensible qu’aux premiers intéressés. En novembre 1906, Harden agacé par la politique d’Eulenburg et le jugeant, lui et son ami homosexuel Raymond Lecomte, ambassadeur français à Berlin, personnellement responsable du fiasco de la première crise marocaine, publie coup sur coup, deux articles cinglants qui feront scandale et que la presse entière reproduira.

 
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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 08:59

Herreromassacre.jpgLe tome 2 s’ouvre sur le génocide des Hereros. Je ne sais pas si quelqu’un a déjà abordé ce thème dans une bande dessinée. Mais même les ouvrages d’histoire n’en parlent pas beaucoup. Il est frappant de constater à quel point le génocide des Hereros par les forces coloniales allemandes en 1904-1908 reste si peu connu alors que de nombreux historiens s’accordent à considérer ce drame comme le premier génocide du XXe siècle. La littérature d’époque ne s’est guère plus intéressée au sort de ces personnes. Dans une courte notule de la Revue Générale des Sciences pures et appliquées de l’année 1904, on apprend de façon presque hasardeuse qu’« A part la résistance que des Musulmans du Zanguebar avaient en 1889 opposé à sa domination, l’Allemagne n’avait point jusqu’à présent éprouvé de graves difficultés avec ses sujets africains. Cette situation vient d’être profondément modifiée par le soulèvement des Hereros, la principale peuplade de sa colonie du Sud-Ouest africain ». Le drame des Hereros fut pourtant extrêmement grave, à tel point qu’en 2005, certains, comme Tristan Mendès France, assistant parlementaire au Sénat français, ont été jusqu’à qualifier le génocide herero de « première répétition avant l’Holocauste ». Ce génocide réduisit en effet, de 1904 à 1908, près de 80% de la population Herero estimée à 80.000 personnes. L’on y vit aussi, pour l’une des premières fois, l’apparition de camps de concentration, avec des prisonniers subissant de multiples « expériences scientifiques ». Dans la Quinzaine Coloniale du 25 mars 1908, alors que l’insurrection herero était enfin matée par les forces coloniales allemandes, on pouvait lire sous la plume de Camille Martin : « Les nouveaux venus [en Sud-Ouest africain allemand] devront s’habituer à payer eux-mêmes de leur personne, car la main d’œuvre indigène est rare et se dérobe. On estime que les 4/5 des Hereros ont disparus par la mort ou l’émigration. M. de Lindequist a dit à la Commission du budget que, dans les camps de concentration, la mortalité avait été très grande et qu’à Windhuk seulement, elle avait atteint 46% ». Aux populations hereros qui arrivaient à échapper aux camps, ils fallait encore éviter les exactions des colons :« Des colons se livrent à la chasse aux Hereros et les rabattent sur leur domaines, où ils les traitent en esclaves ».

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