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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 09:38

Die Vossische Zeitung, journal de la bourgeoisie libérale. Edition de 1904.


Ce n’est pas être provocateur que de dire de la critique BD qu’elle est rarement intéressante. J’entends par là que la critique propre au monde de la bande dessinée n’a que peu avoir avec celle que l’on peut lire dans les revues et publications littéraires, telles que, au hasard, Critique, La Quinzaine, Europe, etc. Des exceptions subsistent, heureusement, mais elles sont trop rares et bénéficient généralement d’une trop médiocre visibilité pour que l’on s’en réjouisse pleinement. Une chronique de mon ouvrage Les Héros parue en décembre 2007 dans DBD, un organe spécialisé dans l’actualité de la bande dessinée, commentait le second tome de ma biographie de Haber de façon mi-gentille, mi-railleuse. Ici qualifiée de « hagiobiographie » (le critique bédé compose rarement des néologismes ; l’histoire ne nous dit malheureusement pas si l’initiative est volontaire), la courte présentation de mon travail y était présentée de façon raccourcie et très maladroite, avançant que, de l’invention du gaz Zyklon B et son usage inattendu, découlait une « dimension absurde » qui « précisément, fascine Vandermeulen ». Rien n’est plus faux, bien sûr (le gaz Zyklon n’est pas même évoqué en creux dans mes récits), mais passons, car ce n’est pas ce point de la chronique du DBD qui me semble intéressant. Le passage qui m’inspire ce billet se trouve en fin d’article, précisément dans sa dernière ligne :  « Dommage que l’auteur soit parfois maniéré, jusqu’à déborder parfois vers la faute de goût (la typographie germanisante, bien peu subtile). Sans ce léger bémol, on frôlerait le sans-faute ».

Die Rote Fahne, feuille révolutionnaire spartakiste. Edition 1919. 

On m’avancera que je suis peu fair-play en voulant commenter un avis qui attribue à mon travail un presque « sans-faute », mais que l’on me comprenne bien : la critique en général n’a que de très faibles effets sur ma personne et l’avis ici ne me fâche aucunement, ni même ne m’agace. Il se fait que je trouve ce passage du DBD assez révélateur pour que je me permette de revenir sur ce qu’il énonce et met en jeu. A savoir que la puissance évocatrice de la typographie allemande serait prétendument dotée d’une puissance suffisante pour que l’on puisse apporter au discours critique des arguments nécessaires à la définition de la faute de goût. Car voilà, la typographie gothique allemande, à en croire certains, serait fortement chargée de sens, au même titre que pourrait l’être un abominable casque à pointe teuton – un casque à pointe allemand n’est-il pas la représentation ultime de l’abject ? C’est une question que l’on brûle de poser à cet étrange critique du DBD, spécialiste du récit et de l’iconographie… J’illustre ce billet par quelques exemples de typographies germanisantes bien peu subtiles.

Le Vorwärts, journal du Parti social-démocrate des travailleurs d'Allemagne, crée en 1876 et qui dû s’arrêter dès 1933.


Edition du Manifeste du Parti Communiste. Edition de 1848.
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3 février 2008 7 03 /02 /février /2008 11:40
undefinedAttention, Cimes de Vincent Fortemps est une bande dessinée de poésie...

Lu récemment sur http://bullesenstock.canalblog.com :

Vandermeulen écrit une ambitieuse biographie très documentée, complète et instructive sans chercher le divertissement. Toutefois cette BD est un peu difficile d’accès. Le traitement graphique est original. Toutes les planches sont en aquarelle de couleur sépia et tous les textes sont inscrits en bas des cases ou sur des petites cases noires. Tout ceci donne l’impression de voir un film du début du XXème siècle. Cette série est une réussite mais elle intéressera vraiment les connaisseurs et les fanas d’histoire.

 

J’aimerais entamer ici quelques notes relatives à quelques idées préconçues ou qui me paraissent fausses, et que certaines chroniques peuvent parfois propager. Loin de moi l’envie de réagir comme peut le faire parfois Manu Larcenet, dont chacun qui le connaît un peu sait qu’il souffre assez mal la critique injuste (mais Manu Larcenet est un tempérament, et ce travers lui appartient et fait aussi son charme, on ne change pas une « tête de lard », n’est-ce-pas), j’aimerais commencer ma réflexion en commentant cette petite intervention ci-dessus et qui au demeurant aborde mon livre de façon plutôt positive et gentille. Ceci non pas comme pourrait le faire Manu Larcenet, en justifiant devant vous mon travail ou ma personne, mais avant tout pour souligner un travers assez commun que je perçois au sein de la sphère bédéphile, je veux parler de cette idée forte qui ne souhaite voir dans le programme que se donne la bande dessinée que l’édification d’une lecture légère et délassante. Le petit extrait que j’ai reproduis est selon moi particulièrement révélateur, puisqu’il semble avoir été écrit par quelques amateurs éclairés qui ne se contentent pas de chroniquer leurs lectures BD sur Internet, mais qui organisent également des entretiens avec des auteurs, entretiens et chroniques qui sont aussi, semble-t-il, diffusés sur des ondes radios. Ainsi, la petite chronique qui a la bienveillance de s’intéresser à mon travail se doit de préciser à son public que ma « série », si elle est bien une réussite, ne plaira vraisemblablement qu’aux connaisseurs (connaisseurs de quoi, cela n’est pas dit) et aux « fanas d’histoires », une expression étrange, qui fait penser à ces gens qui les week-ends aiment à se déguiser et à mimer des situations dans les conventions moyenâgeuses ou napoléoniennes.

Alors, peut-être que ce qui est dit dans cette chronique n’est pas entièrement faux, la question ici n’est pas de remettre en cause l’avis de ces personnes, mais elle me semble néanmoins intéressante parce qu’elle montre fort bien qu’au sein-même des amateurs éclairés, des semi-professionnels comme de certains grands médias généralistes, la bande dessinée reste avant tout un produit de plaisir lié au divertissement. Il paraît donc toujours nécessaire et indispensable de mettre le lecteur en garde lorsque la bande dessinée quitte son lit et se déverse sur les champs de la poésie, des sciences humaines ou politiques ; ce type d’avertissement ne cessera de me paraître étrange.
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