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30 novembre 2007 5 30 /11 /novembre /2007 07:52

057.jpgLa page 59 est l’une de mes planches préférées dans Fritz Haber 2. Elle représente l’acteur Paul Richter en Siegfried. Cette image est un écho à un très vieux dessin que mon père avait fait pour moi lorsque je n’étais encore qu’un tout petit enfant. Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres dessinateurs, mais je me rappelle quant à moi du jour exact où je me suis décidé à dessiner. Je devais avoir cinq ou six ans et cela coïncide au moment où mon père m’emmena au cirque, un très grand cirque, installé aux alentours de la place du Luxembourg, à Bruxelles. Ce devait être le cirque de Moscou, ou celui de Bouglione, le souvenir n’a pas retenu ce type de détail. En réalité, si je me souviens encore de ce jour et de mon arrivée en bus, de ma place dans les gradins, de la cage aux tigres, c’est que ce jour m’a véritablement impressionné. J’attendais comme tout enfant de mon âge l’arrivée des clowns et des tigres. Quand les clowns sont enfin montés sur la piste, mon excitation était à son comble. Mais ce fut un choc : il y en avait bien un blanc à chapeau pointu et un autre rigolo, mais il y en avait encore un troisième affreux et hideux, encagoulé, qui brandissait un énorme poignard : c’était un méchant parmi les clowns. Cela me traumatisa tant que j’ai hurlé de tout mon saoul jusqu’à perdre connaissance.

 

De retour à la maison, mon père pris une feuille de papier et dessina pour moi le fameux clown. Son dessin terminé, il m’appela pour me le présenter et, chose amusante, je pris peur à nouveau. Le dessin me saisit et je me remis à hurler. Mais moins longtemps. Petit à petit, je me rapprochai de la feuille, jusqu’à la prendre en main.

 

Voilà mon expérience avec le dessin : je l’ai découvert par l’expérience, en réalisant qu’il pouvait être un vecteur d’émotions. C’est ainsi que vers six ans, après avoir compris tout cela et en avoir ri, je me suis mis à dessiner un peu plus que les autres enfants. 

Cette expérience ne m’a cependant pas pourvu d’une passion immodérée pour le dessin. J’ai très vite compris, immédiatement peut-être, qu’il n’y avait aucun acte magique dans le dessin. Tout cela tenait du truc et de la technique, on pouvait faire peur, on pouvait faire rire, on pouvait jouer sur l’imagination d’autrui, mais toutes ces émotions étaient menées et maîtrisées par le travail de celui qui dessinait. Il allait donc falloir en user modérément.
Dessin.jpg
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